Jun28

La défense des droits des travailleuses de la construction : petit historique d’une grande bataille

La défense des droits des travailleuses de la construction : petit historique d’une grande bataille

Face à ce constat, le Comité ad hoc pour la défense des droits des femmes dans les métiers de la construction voit le jour. Fondé par madame Sylvie Déraspe, qui possède un certificat de compétence-compagnon pour opérer des pelles mécaniques et qui est maintenant formatrice et mentore, le comité compte également Jennifer Beeman, coordonnatrice pour l'équité en emploi et les métiers traditionnellement masculins au Conseil d'intervention pour l'accès des femmes au travail (CIAFT), ainsi que Martine Morin, conseillère d'orientation en diversification des choix de carrière.

Les objectifs du Comité

Le Comité ad hoc pour la défense des droits des femmes dans les métiers de la construction s'est donné les objectifs suivants :

  1. Offrir à toutes les femmes qui travaillent dans l'industrie des services de défense des droits efficaces, confidentiels, justes et équitables afin de contrer la discrimination et le harcèlement, et ce, sans distinction de métier ou de syndicat.
  2. Favoriser le maintien en emploi des femmes dans les métiers et occupations du secteur de la construction.
  3. Sensibiliser les jeunes filles et les femmes ainsi que la population en général, qui sont aux études ou sans emploi, aux métiers et occupations dans l'industrie de la construction.

Les actions du Comité

En février 2010, le Comité rédige un mémoire faisant état de la situation et le présente à M. Sam Hammad, alors ministre du Travail, de l'Emploi et de la Solidarité sociale. Dans ce mémoire, le Comité pour la défense des droits des femmes dans les métiers de la construction émet plusieurs recommandations, dont voici un résumé :

  • Réunir les ministères concernés (MELS, MESS, Condition féminine et Travail) autour d'une table où seraient présents les syndicats, le patronat et la CCQ afin de se concerter autour de la question;
  • Reconduire le Programme d'accès à l'égalité dans le secteur de la construction;
  • Mettre sur pied une instance indépendante, permanente, et ayant les ressources suffisantes (avocat, enquêteur, arbitre, agent du suivi, aide psychologique, etc.) qui relèverait directement du ministère du Travail afin de recevoir les plaintes, les traiter et en assurer le suivi;
  • Instaurer une ligne sans frais et confidentielle permettant de recevoir les plaintes de partout au Québec;
  • Bonifier la Loi R-20 par la responsabilisation de tous les acteurs et veiller à l'application de l'ensemble de cette loi;
  • Permettre aux travailleuses de pouvoir changer de syndicat une fois durant leur contrat de trois ans si elles ne réussissent pas à travailler avec le syndicat qu'elles ont choisi initialement;
  • Accorder des crédits d'impôt aux entreprises de la construction qui embauchent et maintiennent des femmes en emploi;
  • Sensibiliser le personnel enseignant, les conseillers d'orientation ainsi que les conseillers en information scolaire et professionnelle à l'importance de faire connaître aux jeunes la diversification des choix de carrière, et ce, dès le primaire.

Par la suite, plusieurs ministères ont été rencontrés afin d'être sensibilisés à la cause, dont le ministère de l'Éducation, du Loisir et du Sport. Le 4 février 2011, le Comité est reçu à l'Assemblée nationale lors de la consultation « Pour que l'égalité de droit devienne une égalité de fait – Vers un deuxième plan d'action gouvernemental pour l'égalité entre les femmes et les hommes ». Le ministère de la Culture, des Communications et de la Condition féminisme a même repris deux des recommandations du mémoire dans son plan d'action gouvernemental pour l'égalité entre les femmes et les hommes 2011 – 2015, que les ministres, mesdames James et St-Pierre, ont lancé en juin dernier. Cette dernière a même souligné dans son discours l'implication de madame Sylvie Déraspe dans le dossier des femmes dans l'industrie de la construction.

C'est aussi en juin 2011 que la ministre du Travail lançait des consultations publiques sur l'industrie de la construction au Québec. Le Comité a été invité à déposer son mémoire et a fait une présentation afin que soit modernisée la Loi R-20 (Loi sur les relations du travail, la formation professionnelle et la gestion de la main-d'œuvre dans l'industrie de la construction) en tenant compte de la réalité des travailleuses et des travailleurs de cette industrie. Le rapport des consultations sur l'industrie de la construction au Québec a été déposé à la ministre du Travail à la fin août et rendu public le 12 septembre dernier. Plusieurs des 57 recommandations du rapport viennent directement du Comité. Ces recommandations seront intégrées dans un projet de Loi à l'Assemblée nationale qui sera présenté dès cet automne par la ministre du Travail du Québec, Mme Lise Thériault.

De plus, une enquête sur la perception des travailleuses de l'industrie de la construction concernant les avantages de travailler dans cette industrie, ainsi que les problèmes qui s'y posent pour les femmes est actuellement en cours. Les résultats de cette enquête permettront au Comité d'identifier les problèmes urgents ainsi que des mesures pour soutenir les travailleuses de cette industrie qui doivent être mises en place rapidement. Les résultats obtenus permettront également l'élaboration d'un plan d'action dans le but d'initier des changements à long terme. Le Comité et le CIAFT présenteront les résultats de l'enquête aux différents ministres interpellés par cette question ainsi qu'à la Commission de la construction du Québec.

La présence des femmes dans les métiers de la construction

Les métiers de la construction présentent des conditions fortement avantageuses pour les femmes puisque les salaires sont attrayants et conventionnés, les corps d'emploi régis et la santé des travailleuses est couverte par la Commission de la santé et de la sécurité au travail. De plus, les 26 corps d'emploi nécessitent peu d'études et sont suffisamment diversifiés pour intéresser nombre de travailleuses potentielles, étudiantes ou sans emploi. L'industrie a donc intérêt à attirer plus de femmes dans ses rangs avec des mesures telles : des campagnes d'information, une meilleure supervision, le mentorat, etc.

Le Comité ad hoc pour la défense des droits des femmes dans les métiers de la construction est très actif et a réussi à faire son chemin jusqu'à l'Assemblée nationale. Il a également participé aux consultations sur l'industrie de la construction au Québec lancées par la ministre du Travail, Mme Lise Thériault, en juin dernier.

Le comité a acquis une belle crédibilité auprès de tous les acteurs de cette industrie grâce à son équipe dynamique, mais aussi au franc-parler et à la belle fougue de son instigatrice, madame Sylvie Déraspe qui est originaire des Îles-de-la-Madeleine.

Les travaux du comité sont toujours en cours.

Pour consulter le mémoire en ligne :

http://www.atfquebec.ca/files/

Rapport du groupe de travail sur le fonctionnement de l'industrie de la construction

http://www.travail.gouv.qc.ca/fileadmin

T: 581 886-4650

E:This email address is being protected from spambots. You need JavaScript enabled to view it.