Jun28

Par : Barbara Estor, ouvrière sylvicole – débroussaillage

Par : Barbara Estor, ouvrière sylvicole – débroussaillage

En 2008, j'ai décidé de prendre une autre voie, bien différente, voire à l'opposée : je voulais pratiquer un métier à l'extérieur, au milieu de la nature, qui soit exigeant physiquement pour que je puisse exploiter mon énergie débordante. Je suis alors partie huit mois au Lac Saint-Jean suivre un DEP en travail sylvicole au Centre de formation professionnelle de Dolbeau. J'avais besoin d'air et de changements; j'ai été servie ! Ce travail, qui se pratique principalement du printemps à l'automne, me permet de rendre visite à ma famille en Europe l'hiver.

En plus des cours théoriques pour reconnaître, entre autres, les différentes essences d'arbres, leurs défauts et leurs maladies, la formation offre aux étudiants l'apprentissage des bonnes techniques pour reboiser et la bonne utilisation de la scie à chaine (chainsaw) et de la débroussailleuse. La formation se poursuit pendant trois mois dans une coopérative forestière où l'on effectue de l'éclaircie précommerciale (débroussaillage). Les étudiants comme les autres travailleurs sont hébergés la semaine en camp forestier. Les soirs venus, je prends part aux discussions sur les problématiques liées au travail : les terrains sales, les prix à l'hectare trop bas, les dépenses à la charge des travailleurs trop élevées (débroussailleuse, véhicule, gaz sans cesse à la hausse, équipement de sécurité, etc.) « Rrrrrah là là, Bobinette ! » Mais il faut garder le moral et rester positifs malgré tout, d'autant plus que les soirées sont fort agréables, parce que je suis entourée d'une bonne gang de gars. L'ambiance autour d'un bon souper est conviviale, et les discussions vont bon train sur la chasse, la pêche, les femmes (!), les pick-up. Viennent ensuite les parties de cribble, pour ceux qui n'ont pas peur de se faire « skunker » par « la P'tite Française »...

C'est avec autant de plaisir que j'ai fait ma deuxième saison de débroussaillage, cette fois-ci en Gaspésie, où je compte bien m'installer !

RECETTE DE BARBARA POUR ÊTRE UNE BONNE « DÉBROUSSAILLEURE »

Avertissement : le mot débroussailleuse désigne seulement la machine, et en aucun cas les femmes qui exercent le métier.

Ingrédients :

  • Au moins 3/4 de tasse de bonne forme physique au début de la saison
  • 2 grosses tasses de bon mental
  • 1 tasse de bonne technique d'abattage directionnel
  • 1 tasse de bonne technique de limage
  • 1 tasse de bonne technique d'analyse et de planification du terrain

(Ces 3 trois tasses mélangées assurent plusieurs grosses tasses de bon rendement)

Voici à quoi ressemble une de mes journées :

  • Lever 3 h 45, il fait encore nuit
  • Déjeuner 4 h
  • Départ 4 h 30
  • Sur le terrain entre 5 h et 5 h 45
  • 3 « tinquées » de gaz (1 « tinquée » environ 1 h, affûtez la lame entre chaque « tinquée »)
  • Pause 10-15 minutes
  • 3 « tinquées »
  • Lunch (3/4 d'heure à 1 heure) dans mon véhicule
  • 3 « tinquées »
  • Retour au camp entre 4 h 30 et 5 h 30
  • Douche, souper
  • Parties de cribble ou TV
  • Dodo... il fait encore jour !

MON CONSEIL :

Si pour vous la forêt ne rime pas seulement avec « bibittes », si vous aimez les défis, si vous n'avez pas trop peur des ours..., ni de quelques journées de grosses chaleurs ou de pluies, bref, si vous voulez vous lancer dans cette voie, suivez une formation pour acquérir au moins les trois tasses de bonnes techniques. Comprenez bien que les meilleurs atouts ne sont pas les muscles mais la technique et le moral !

LES + :

J'adore quand chaque jour est un défi, quand chaque jour je me répète que je suis capable. J'assume mon choix, pour le meilleur et pour le pire. Et ma plus grande satisfaction, c'est de voir dans le regard des autres l'étonnement et le respect.

Barbara Estor, hiver 2010

T: 581 886-4650

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